Les étudiants tchadiens entre l'indifférence et le courage

Les étudiants tchadiens sont laissés depuis l'aube des temps à leur triste sort par l'Etat tchadien. Il est vrai que le pays a traversé des moments difficiles dans son histoire à savoir la rude guerre fratricide qui a entraîné le pays dans un chaos total et qui, malheureusement continue à sombrer le pays.

Pendant tout ce temps, l'étudiant tchadien est laissé orphelin. Suite aux évènements de 1990 qui ont porté Deby au pouvoir et sa promesse aux Tchadiens d’instaurer la démocratie, l'étudiant tchadien a eu une lueur d'espoir d'être enfin comme les autres étudiants africains, de jouir de ses droits et devoirs. Mais hélas ! 15 ans après (1990-2005) l'étudiant tchadien est toujours marginalisé, humilié et largué.

Le service des bourses d'études, affilé au Ministère de l'enseignement supérieur, est corrompu. Ainsi les enfants des hommes au pouvoir, le clan gouverneur et leurs complices seuls en bénéficient au détriment des élèves excellents qui ont eu leurs diplômes avec mention.

Le népotisme et la corruption ont affecté l’appareil d’Etat tchadien à tel enseigne qu’un modeste étudiant tchadien de classe sociale «défavorable» se voit traité avec indifférence.

Comme la plupart des étudiants africains, les étudiants tchadiens pensent à poursuivre leurs études supérieures à l’extérieur. Mais décrocher une bourse d’études n’est pas à la portée de tous pour les raisons citées ci-haut, et ceux qui ont eu cette chance ne voient pas la vie en rose puisque l’Etat ne leur octroie pas une assistance financière comme c'est normalement le cas. L’Etat ne donne aux étudiants boursiers qu’une somme mesquine de 50.000 FCFA par an et là aussi les plus chanceux d’entre eux en bénéficient !

C’est un véritable calvaire que vivent les étudiants tchadiens en Algérie, au Maroc et en Russie.

L’Etat tchadien ne vient pas en aucun cas à leur secours même dans les cas les plus terribles, à l’exemple du grave séisme survenu en Algérie le 21 mai 2001 au cours duquel il y a eu des morts et des blessés graves. Et aussi le cas des étudiants tchadiens en Russie, suite au non-respect de promesse tenue par l’Etat tchadien et la Fédération de Russie en matière de financements de leurs études, ils ont décidé d’entamer une grève de la faim le 21 avril 2001. Ils sont toujours abandonnés dans le froid et le racisme en Russie malgré tant de démarches entreprises. Certains d’entre eux ont fini par abandonné leurs études pour rentrer au bled.

Au Gabon l’an dernier les étudiants tchadiens de l’I.A.I (Institut Africain d’Informatique) ont été chassés des classes en plein cours parce que leur pays n’avait pas payé sa part de cotisation alors qu’ils ne sont même pas boursiers, ils payent plus d’un million de FCFA par an !

Quant aux autres restés au bled poursuivant leurs études dans les facultés de N’Djamena, ils sont confrontés à des retards de payement de leurs bourses d’études pour plus de six mois, c’est un véritable délire !

Malgré l’indifférence du gouvernement tchadien vis-à-vis d’eux, les étudiants tchadiens n’ont pas jeté l’éponge au contraire, ils ont fait preuve d’un courage exceptionnel et remarquable.

Aujourd’hui ils sont des milliers et des milliers dans les plus grandes universités du monde entier à poursuivre leurs études malgré des difficultés majeures !

Mais la question à se poser est de savoir jusqu’à quand l’Etat tchadien restera-t-il indiffèrent à leur égard ?

Jusqu’à quand le gouvernement tchadien restera-t-il sourd aux cris lamentables des jeunes cadres, fer de lance de la nation, traumatisés et en détresse alors que ce même gouvernement envoie des troupes dans un pays voisin ( RDC, Centrafrique, etc..) ?

Aujourd’hui, tous les étudiants tchadiens qu’ils soient à l’intérieur ou à l’extérieur du Tchad sont victimes d’une mauvaise gestion des fonds destinés à l’Enseignement Supérieur.

Les jeunes tchadiens ont droit plus que jamais à une bonne éducation et les étudiants à un meilleur traitement.

Le gouvernement tchadien n’aura plus de raison après l’exploitation du pétrole tchadien qui a déjà rapporté des gains énormes au pays, pour ne pas venir en aide aux étudiants.


Par Ibrahim Adoum Youssouf, Etudiant tchadien en France
Email : adoumyou@yahoo.fr