Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Les relations entre centrafricains et tchadiens ne datent pas d'aujourd'hui. L'histoire de ces relations est plus que séculaire. Elle remonte aux mouvements migratoires dans la sous région et sur le continent. C'est l'histoire de plusieurs générations de centrafricains et de tchadiens qui vivent en Centrafrique ou au Tchad. Ce n'est pas sans raison que les deux communautés s'appellent « aou » ou cousin. Tout un symbole !
Aujourd'hui encore dans la conscience collective des uns et des autres, la République Centrafricaine serait le prolongement naturel du Tchad tout le Tchad serait le prolongement de la République Centrafricaine. Bangui, Bozoum, Paoua, Bossangoa d'un côté, Doba, Moundou, Sahr et N'djamena n'ont de secret ni pour les centrafricains ni pour les tchadiens qui ont des souvenirs communs et même un destin commun. L'histoire de l'Oubangui-Chari avec le sud du Tchad jadis rattachée à l'Oubangui en est la parfaite illustration. L'illustration d'un destin partagé sous la colonisation et de relations de bon voisinage après les indépendances de 1960. Quoi de plus normal pour deux peuples qui ont beaucoup de choses en commun même si le nord du Tchad a été et reste marqué par la poussée de l'islam et de la culture arabe.
Mais force est de constater qu'avec les turpitudes de l'histoire entretenues par des hommes politiques outrageusement ambitieux et véreux, quelque chose d'essentiel va changer dans les relations entre la colonie tchadienne et les centrafricains. Le respect mutuel, la reconnaissance des différences, les relations de cohabitation pacifique et de bon voisinage ont tourné au vinaigre. Certes, il y a toujours eu des échauffourées entre les deux communautés pour un rien ou pour un tout. Cela arrive même sans prendre les dimensions gravissimes qui frisent parfois l'affrontement direct et armé comme c'est le cas aujourd'hui.
A notre avis, il y a des raisons à cela, car quelque part, certains ressortissants plus politisés que d'autres sont devenus ringards, arrogants, hautains et méprisants à l'égard des citoyens centrafricains et même de leurs autorités politiques. On se demande si les ressortissants centrafricains à N'djamena, Sahr, Abéché, Moundou, Doba ou d'autres localités tchadiennes, ont la même attitude vis-à-vis des sujets tchadiens et de leurs autorités politiques. Cette situation mérite une clarification et la seule rencontre du président de la République avec les représentants de la colonie tchadienne de Bangui ne suffit pas à percer l'abcès et à faire éclater la vérité au sujet de relations des plus difficiles et de plus en plus tendue sinon électrique et exécrable. Il y a du chantage quasi permanent dans l'air et il y a assurément des vérités qui se cachent derrière ce chantage planifié de la colonie tchadienne en Centrafrique.
En vérité, ces relations tendues et difficiles remontent aux mutineries de 1996 – 1997 qui ont vu l'intervention de la MISAB avec un fort contingent tchadien et à la rébellion armée du Général François Bozizé qui a frappé deux fois la capitale Bangui le 25 octobre 2002 et le 15 mars 2003 avec plus de réussite. Dans le premier cas, les éléments tchadiens de la MISAB mêlées aux FACAS et à la garde prétorienne de Patassé, ont fait preuve de beaucoup de zèle et d'animosité vis-à-vis des mutins centrafricains et des populations des quartiers Sud et Est de Bangui (Ouango, Ngaragba, Kassaï, Lakouanga, Petevo, Bimbo). C'était les ardents défenseurs du régime de dimension nationale de l'ex-président Patassé. On connaît l'histoire des pogroms du Sud à l'initiative de la MISAB tchadienne. Que l'on se souvienne de l'étiquette macabre de « yapalatan » « djiba chargeur » qui colle encore à la peau des militaires tchadiens, auteurs d'une répression aveugle des mutineries de 1996 et 1997. Le chantage des ressortissants tchadiens a commencé à cette époque macabre et triste. Il visait d'abord à faire croire que sans les militaires tchadiens de la MISAB puis de la MINURCA, le pouvoir de Patassé aurait périclité et la RCA ne serait qu'un bain de sang. Soit, ce n'est pas une raison pour que nos frères tchadiens se comportent comme en terrain conquis et avec un mépris royal pour le peuple centrafricain et ses autorités dont des policiers sont égorgés comme des moutons pour le ramadan. La culture du couteau oblige ! Détestable, vraiment détestable !
En 2002 et 2003, la rébellion armée du Général François Bozizé a donné une fois l'occasion aux militaires tchadiens « zakawas » et à des mercenaires tchadiens et autres de s'illustrer avec une rare violence aux côtés du chef rebelle dans le but cette fois-ci, de renverser le président Patassé. Le chemin du pouvoir de Sido à Bangui était ainsi pavé de cadavres et de désolation avec les zakawas et les ex-libérateurs. Une vérité indiscutable !
Patassé finalement renversé, la ville de Bangui et ses environs ont été pillés pendant que les militaires tchadiens se comportaient parfois en conquistadores au mépris de la souveraineté nationale. Depuis le 15 mars 2003, l'arrogance et le mépris des frères tchadiens ont été multipliés par 1000 au point de conduire certains à défier l'autorité politique à travers des marches de protestations couteaux tirés au clair et bâtons en main et à travers des grèves sauvages entraînant la fermeture des commerces et du marché à bétail. Les mouvements d'humeur ne se limitent plus à la capitale et a même atteint des villes comme Bossangoa, Berberati, Bozoum, Sibut, Bambari. Le chantage permanent !
Aider le Général Bozizé à chasser Patassé du pouvoir donne-t-il droit à autant de mépris, d'arrogance et de provocations inutiles ? Il y a lieu que la colonie tchadienne de Centrafrique taise ses ardeurs belliqueuses et sa propension à demander des comptes aux centrafricains et à leurs autorités. C'est indécent et inamical ! Car susceptible de mettre en difficulté durablement les relations d'amitié et de fraternité entre la RCA et le Tchad. Ce qui étonne du reste tout observateur, c'est que les fauteurs de trouble sont toujours les ressortissants tchadiens originaires du Tchad et militants du MPS du président Idris Deby alors qu'il existe plus d'une multitude de formation politique au Tchad. Il y a de la surenchère politique en l'air, c'est ce qui explique d'ailleurs ce chantage permanent de la colonie tchadienne de Centrafrique. Et comme dirait l'autre « c'est ça la vérité .. !» Mieux vaut des relations de bon voisinage, d'amitié et de fraternité que des relations alimentées par des considérations politiques outrancières et malencontreuses.
Ensemble, tchadiens et centrafricains doivent sauver l'essentiel, c'est-à-dire la paix, la fraternité et la compréhension mutuelle. Le reste n'est qu'arrogance !


Jean Ding Kpi
Tag(s) : #Actualités Tchadienne
Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :